Fonge & florule

Trapu, obèse, solide comme un roc, il épanouit ses gros chapeaux blanchâtres sur les chaussées d'étang, dans les clairières, en lisière des bois. Il aime la chaleur et il est le champion de la sécheresse. En pleine canicule 2003, il poussait impunément dans une terre dure comme du béton, sans un milligramme d'humidité, défiant le sens commun qui veut que les champignons ont besoin d'eau, qu'ils sont intrinsèquement des êtres de l'humide et de la pluie. Du nom latin de Boletus radicans Persoon Fries (= Boletus albidus), il arbore des pores jaunes dès la jeunesse (le dessous du chapeau) et une chair jaune pâle, bleuissant à la coupe et fortement amère (ce qui le rend immangeable). Le bleuissement des pores au toucher et son pied en forme de radis, jaunâtre souvent mêlé de rougeâtre, à réseau peu marqué, complètent le tableau.

De vrais cèpes, sans entrer dans les variantes d'espèces rares ou d'ailleurs, il en est quatre. Leurs signes distinctifs sont simples : ils ont des pores blancs à l'origine et une chair blanche immuable. Autour d'eux gravitent d'autres gros  bolets (de vrais faux-cèpes par leur stature de cèpes et par opposition aux autres faux-cèpes de groupes plus éloignés, tels les "raboteux"). Pour s'y retrouver dans le labyrinthe des gros bolets, qui ne présente pas moins d'une quarantaine d'espèces, il convient de savoir quels sont les caractères importants à observer – et donc ceux qui le sont moins. Ainsi, si la couleur du chapeau est relativement secondaire, la couleur des pores jeunes (blancs, jaunes ou rouges), la teinte de la chair et son éventuel bleuissement, la présence ou non d'un réseau (sorte de filet de pêcheur, imprimé sur le pied, plus ou moins en relief, blanc ou coloré) sont de toute première importance. Ce sont les caractères primordiaux à observer chez les gros bolets.   

7 septembre 2006