Fonge & florule

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La Salicaire, la fleur du sang


 

 

 

Si les botanistes pouvaient sortir de leur tombe, je leur demanderais... par quelle tournure fantasmatique de leur esprit ils ont bien pu nommer certaines plantes. Ainsi m'entretiendrais-je avec monsieur Carl von Linné : « Vous avez baptisé la salicaire Lythrum salicaria, du mot grec luthron : sang de blessure, souillé de poussière. Comment avez-vous pu penser à du sang de blessure, souillé de poussière, en contemplant cette belle grande fleur, rose violacé vif, qui n'a rien de rouge ni de sang ? »

Une interrogation similaire s'empara de moi en Irlande, en juin dernier, sur Inis Mor rose de géraniums sanguins. Et de me dire alors : « Le transfert du rose en rouge sang – à savoir d'une couleur faible en une couleur forte, violente, qui a à voir avec la vie et surtout avec la mort, car d'après Gaston Bachelard « la poétique du sang n'est jamais heureuse » – relève de l'émotion pure : sous l'emprise de la fulgurance esthétique, de la peur... les teintes réelles et généralement faibles se cristallisent en une couleur du drame : le rouge » .

Depuis le début du mois d'août, le long de toutes les routes de l'Indre, en terrain argileux ou calcaire, entre Argenton et La Châtre par exemple,  deux grandes fleurs roses se partagent les fossés humides, les bords d'étang et de rivière : l'épilobe hirsute, dont les grosses fleurs rose vif sont autant de « fleurs à la boutonnière » des haies et des près ; et notre salicaire – qui tient son nom français de la forme allongée-aiguë de ses feuilles, rappelant celle de certains saules (Salix en latin).

La voilà qui étire ses longues grappes de fleurs, monte et ondule en flamme violâtre, embrase le fossé, envoûtante... et soudain inquiétante.

 

 

14 septembre 2006

 



17/02/2015
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