Fonge & florule

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L'Orobanche de la Picride

Orobanche picridis 2 blog.jpg

Photo Richard Bernaer

 

Rien ne ressemble plus à une orobanche âgée1 et sèche qu'à une autre orobanche âgée et sèche. S'entend : à une orobanche d'une autre espèce.

Abandonnant sa volupté charnelle, ses imbibitions aqueuses carnées, rougeâtres ou violâtres, renonçant en quelque sorte à son rôle de courtisane altière qui ne dévoile sa chair, ses luminescences roses ou cyanées et ses yeux jaunes ou purpurins qu'en de rares et éphémères instants... et seulement à ses amoureux, elle se dessèche alors, se transforme en flamme de cyprès, revêt une livrée d'un brun foncé uniforme et mat, contrastant avec le berceau de végétation chlorophyllienne sur lequel elle vit. Elle entre dans une beauté du deuxième âge, qui recèle ses séductions propres : celles du clair-obscur et du mystère. En effet, le formidable contraste brun sombre de l'orobanche avec la végétation encore verte ou déjà jaunissante saute aux yeux (même lorsqu'on est en voiture), et son identification devient quasi impossible, sinon par le truchement de la plante supposée parasitée.

À Saint-Benoît-du-Sault, à proximité du joli pont sur le Portefeuille, quelques orobanches sèches émergent d'une pente herbeuse, apparemment liées à des feuilles de Picrides épervières2. Par chance, l'une d'elles – une retardataire encore fraîche – nous confirme son identité : Orobanche picridis Schultz, grâce à ses poils glanduleux clairs, son stigmate brun-violet, ses filets des étamines velus en bas et insérés à plus de trois millimètres de la base de la corolle.

 

(2 juillet 2015)

 

1   Âgée signifiant ici âgée de quelques jours, les orobanches se desséchant rapidement.

2   La Picride épervière : Picris hieracioides, est une Astéracée liguliflore jaune, de la famille des pissenlits.

 

 

 

 

 



13/07/2015
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