Fonge & florule

Photos Yvan Bernaer

Elle est toute lilliputienne, toute mignonne, toute frêle, toute frémissante, toute capillaire, toute délicate dans l'interstice étroit du goudron graveleux et de la pelouse du terrain de foot¹, empiétant sur l'herbe et la mousse de la bande de touche, aux pieds des supporters aveugles.

Minuscule Crucifère répondant au joli nom de Drave printanière. Printanière elle l'est, et même prévernale, tant elle se moque des rigueurs de l'hiver. Elle participe des premières fleurs à pointer le nez, à l'instar de la Ficaire, la Jonquille, la Scille à deux feuilles, la Violette odorante, la Pâquerette, le Mouron des oiseaux, le Lamier pourpre, la Cardamine hirsute, la Véronique de Perse...

Ses hampes florales, fines comme des cheveux, ornées de silicules² et par des miniatures de fleurs blanches profondément échancrées, jaillissent d'une rosette de feuilles lancéolées.

Notre petite merveille : Draba verna Linné, s'appelle aussi Erophila verna, c'est-à-dire amie de l'amour, et par extension du printemps. Elle est une plante pionnière et une thérophyte (du grec theros : saison, et phuton : plante) : ses graines passent l'hiver dans la terre et son cycle de développement – de la germination de la graine à la maturation de semences nouvelles – est particulièrement bref. Elle est même presque une éphémérophyte, comme ces fleurs du désert qui s'épanouissent en quelques heures et disparaissent.

(26 mars 2015)