Luerurs roses dans l'hiver
Tantôt vaguelettes rose violacé ourlées de leur écume blanchâtre, tantôt armée de petits boucliers roses s'étirant à perte de vue dans la ligne de fuite d'un tronc couché, tantôt étagement vertical de chapeaux blanc-gris à gorge lilas dans la fracture d'un arbre, tantôt croûte molle carnée gonflée de protubérances violettes et suintant une liqueur vineuse... ce champignon pratique le résupiné1 et l'étalé-réfléchi2 avec le même bonheur.
Quand les chapeaux sont présents, ceux-ci se montrent blanchâtres à grisâtres, strigueux-tomenteux, indistinctement zonés, ondulés à la marge, mous-coriaces puis indurés. L'hyménium, crème, rose pâle, rose-violet à l'état jeune et humide, offre une consistance céracée-gélatineuse, comme cartilagineuse, ce dernier caractère étant à l'origine de son nom : Chondrostereum purpureum (Persoon ex Fries) Pouzar (du grec chondros, dans le sens de cartilagineux). En vieillissant et en séchant, il vire au brun pourpre et devient corné.
Ce champignon est commun en Berry sur les feuillus, particulièrement sur les troncs morts et couchés de peupliers. Quelques beaux exemplaires ornent des ronds de peupliers à proximité du Moulin de Châteaubrun, au bord de la Creuse.
(15 janvier 2015)
1 Résupiné (du latin resupinatus : recourbé, réfléchi) : qualifie un champignon sans pied ni chapeau, dont la face stérile et invisible adhère complètement au support, la partie visible et étalée en croûte étant la face fertile.
2 Étalé-réfléchi : qualifie un champignon, généralement du groupe des Corticiacées ou des Polypores, qui étale d'abord sa face stérile sur le support (l'hyménium étant alors seul visible), puis développe des chapeaux perpendiculairement à celle-ci.
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