Fonge & florule

Photo Richard Bernaer

À la base des troncs d'épicéas, de pins et autres conifères en peuplement dense ou isolés, un curieux polypore, enfoui sous les aiguilles ou la végétation, s'offre parfois à nos regards, et encore plus à nos mains.

En dégageant les aiguilles, les herbes et brindilles qu'il agglomère dans sa propre substance, quelle n'est pas notre surprise alors de découvrir qu'il entoure totalement la base du tronc ou de la souche , sans dédaigner les racines, de ses rosettes étagées. Celles-ci s'organisent en un labyrinthe de consoles plates et de chapeaux difformes, durs, brun-rouge, brun chocolat, noirâtres, marginés de bandes blanches et alternant avec des gorges résupinées crème, percées de petits pores arrondis ou anguleux.

L'habitat sur conifère et la chair pâle de notre champignon : Heterobasidion annosum (Fries) Brefeld nous évitent une confusion possible avec d'éventuelles rosettes de Ganodermes aplanis (à chair brun foncé), à la base des peupliers ou autres feuillus.

Notons que les polyporologues utilisent deux termes différents pour nommer la chair de leurs chers champignons objets de leur passion : le contexte, qui désigne la chair de la partie stérile, au-dessus des tubes, et la trame, celle incluse entre les tubes. Les mots contexte et trame font tous deux appel au tissage, ce qui est assez évocateur de la chair des polypores, généralement subéreuse ou ligneuse, fibreuse, comme tissée de fils compacts.

Par une sorte d'inversion, Heterobasidion annosum commence souvent sa vie en saprotrophe, sur une souche morte, pour la continuer ensuite en parasite en contaminant les conifères vivants voisins. Celui de la photo colonise une souche isolée de pin, le long de la Sédelle, quelque huit cents mètres en aval du Pont Charraud.

(19 mars 2015)