Fonge & florule

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Cerrena unicolor

Cerrena unicolor (4) blog.jpg

Photo Yvan Bernaer

 

Voici un polypore fort mal nommé. Ou pour le moins nommé d'une manière très approximative, car unicolore il ne l'est point. Ton sur ton, certes, fondu dans une beauté sombre et secrète avec l'âge, une obscurité grise, presque inquiétante, et qui pourrait faire éclore sur les lèvres du mycologue troublé : « Tiens... une éminence grise ».

Ses chapeaux étagés-imbriqués, enfouis dans la ténébreuse grisaille de leur toison hirsute, obscurément zonés et verdis par les algues, rehaussés de lignes concentriques noires, dévoilent leur gorge cendrée aux lueurs rosâtres, sculptée de pores sinueux, dédaléens et irpicoïdes*.

Mal nommé aussi par le terme Cerrena, issu de l'italien populaire cerrus : sorte de chêne, et en l'occurrence Quercus cerris, le Chêne chevelu... car si notre polypore affectionne les feuillus, il affiche une préférence nette pour les hêtres, les érables, les tilleuls et les marronniers. Cette prédilection pour ces essences fait qu'on le rencontre assez fréquemment dans les villes et les villages.

À l'état jeune, Cerrena unicolor (Bulliard) Murill est, toujours ton sur ton, en négatif ce qu'il est en positif à l'âge mûr : ses chapeaux varient du blanchâtre au jaune fauve, pendant que ses pores arborent des tonalités crème jaunâtre où filtrent les premières lueurs de gris et de rose. En sus de ses caractéristiques colorées, cette tramète au sens large se démarque des espèces voisines par son extrême minceur, sa consistance intégralement élastique à l'état frais, et par la ligne noire qui sépare la toison de la chair, bien visible à la coupe.

 

(12 mars 2015)

 

*   Irpicoïde : du latin irpex, irpicis : herse ; qualifie des pores déchirés en forme de dents aplaties et irrégulières.



21/03/2015
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