Du chatoiement dans les pores
Photos Richard Bernaer
Chatoyer : briller tout en changeant de couleur selon les jeux de lumière , à la manière de l'œil d'un chat dans l'obscurité. Eh bien, la surface fertile d'Inonotus rheades chatoie. Ses reflets argentés fusent et ondoient sur des teintes brunes, jaunâtres voire olivâtres.
D'autres Inonotus1 chatoient, et cette moirure de leur hyménium scelle une profonde intimité entre eux.
Inonotus se traduit par oreille poilue. Si ce nom à l'allusion rugueuse sied assez bien à Inonotus hispidus2 quand il est noir et hirsute, il conviendrait plutôt d'y percevoir, chez notre polypore, la douce oreille feutrée-veloutée d'un nounours en peluche, surtout quand elle se rehausse d'une chaude coloration orange.
Rheades vient du grec reôn : rhubarbe ; la chair de notre champignon est censée avoir la couleur du sirop de rhubarbe !
Les Inonotus sont des polypores le plus souvent dotés d'un chapeau glabre, feutré ou laineux, oscillant dans les gammes de teintes s'étirant du blanc crème au noir, en passant par tous les jaunes, les roux et les bruns. Leur relative fragilité et la non-stratification de leurs tubes signent leur caractère annuel.
Inonotus rheades (Persoon) Karsten est un miracle de rousseur et de diaprure sur les troncs de peupliers trembles. Celui de la photo brille, autour d'un étang vellois, telle une étoile éphémère.
(1er octobre 2015)
1 Inonotus rheades se distingue des autres Inonotus à pores chatoyants : Inonotus cuticularis, radiatus, nodulosus... par la présence, dans sa chair, d'un noyau mycélien dur, brun-noir marbré de blanchâtre, par l'absence de spinules et par son habitat quasi exclusif sur les peupliers vivants ou morts, principalement sur les trembles.
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