La Léotie lubrique
Pour découvrir une troupe de Léoties lubriques, sur un talus humide ou dans un fossé de l'Indre, il convient de marcher lentement, de descendre à la hauteur des grenouilles, de balayer du regard les tapis de mousses, les feuilles mortes, la terre nue.
Les Léoties sont un apprentissage à la lenteur ; une étape vers l'attention aux petites choses de la nature, avant les choses encore plus petites, avant les vies minuscules ; une initiation à « l'insignifiance », à la gratuité.
La Léotie lubrique : Leotia lubrica Persoon est montée comme une quille : une tête ronde, bosselée, lobée, ombiliquée, gélatineuse, vert jaunâtre à bronze olive, sur un pied cylindrique, jaune vif.
Elle ne peut guère être confondue qu'avec un autre petit champignon du même groupe : Cudonia circinans Persoon, mais celui-ci à une tête sèche, cartilagineuse, ocre crème, et croît dans les régions subalpines.
Elle a une soeur beaucoup plus rare, Leotia atrovirens Persoon, entièrement vert-noir, et toutes deux participent des Ascomycètes (champignons dont les spores naissent dans des cellules allongées : les asques), à l'instar des morilles par exemple.
Léotie vient du grec leios : lisse, et lubrique du latin lubricus : glissant, deux adjectifs qui siéent à merveille à notre petit champignon dont le contact est lisse et glissant. Mais le mycologue Christian Hendrick Persoon a-t-il été effleuré, de surcroît, par le glissement de sens opéré dans le latin chrétien : lubricus = impudique (par idée de « glisser dans le péché ») ... Dieu seul le sait ?
30 novembre 2006
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