Fonge & florule

Photos Yvan Bernaer

Les orobanches sont des plantes charnelles. Elles sont dodues, turgescentes, fraîches et pimpantes dans la jeunesse ; sur fond beige d'ensemble, elles distillent des teintes roses, carnées, jaunes, violines, pourpres... telle une chair qui rougit, s'empourpre, violace, blêmit.

Ce sont des plantes étranges et mystérieuses. Dépourvues de chlorophylle, elles parasitent diverses congénères chlorophylliennes, dont le lierre, le chanvre, les thyms, les germandrées, de nombreuses Ombellifères, Astéracées et surtout des Papilionacées... ou encore les gaillets, en ce qui concerne notre Orobanche giroflée : Orobanche caryophyllacea Smith.

Le mot orobanche est issu du grec orobos : vesce, et agchein : étrangler, par allusion au parasitisme de ces plantes. Quant à l'épithète giroflée, il vient de l'odeur de notre orobanche : elle sent la giroflée, elle-même nommée ainsi par son parfum de clou de girofle.^*

Les orobanches sont de détermination délicate. Si la plante parasitée fournit un précieux renseignement, celle-ci n'est cependant pas toujours facile à isoler parmi la végétation. Quant aux imbibitions colorées qui émanent de la teinte beige des orobanches, elles sont si versatiles et fugaces qu'elles nous laissent bien souvent pantois. L'observation devra alors se concentrer sur l'intimité de la fleur.

Notre Orobanche giroflée est parcourue de poils glanduleux clairs, arbore une lèvre inférieure à trois lobes réguliers, un stigmate brun pourpre foncé (ces deux petites boules visibles à l'œil nu à l'entrée de la gorge) et des étamines velues. Elle pousse sur des couronnes de Gaillet mou.

(21 mai 2015)