Fonge & florule

Le petit cochon ! C'est ainsi que les italiens nomment le cèpe. Ils ont raison : le jeune cèpe est mignon et dodu à souhait, comme un cochon de lait.

Il est guetté avec impatience chaque automne. Qu'il vienne à manquer, c'est « une année sans champignons » . Qu'il pointe le nez, la forêt s'agite soudain d'une éclosion de voitures. Il fait tourner la tête aux gens. Vrai que l'apparition du cèpe, dans sa spontanéité, sa forme dessinée et grassouillette, tient du miracle ; elle nous chavire, nous enivre, nous émerveille.

Sous le vocable de cèpe se cachent plusieurs espèces, toutes comestibles, qui ont la particularité d'avoir des pores blancs à l'origine et une chair blanche immuable.

Trois cèpes sont abondants dans l'Indre : le Cèpe d'été ou cèpe réticulé : Boletus aestivalis, judicieusement nommé car il est le plus précoce et arbore un beau réseau blanc sur toute la hauteur de son pied. Il est allégrement  confondu avec le Cèpe de Bordeaux : Boletus edulis, plus tardif. Les caractères distinctifs sont ténus : le premier est sec et ruguleux , parfois craquelé par le soleil, blanc quand on le pèle ; le second est lubrifié, ourlé d'un liseré blanc, roussâtre sous la peau du chapeau, et son pied ne présente qu'un réticule incomplet, peu visible. Le Cèpe bronzé : Boletus aereus Bulliard : Fries, immédiatement reconnaissable à sa tête noire à reflets bronze, est celui qui aime le plus la chaleur. C'est pour cela qu'il explose actuellement, partout en Indre, sur les terres chaudes balayées par les pluies. Le cèpe des pins : Boletus pinophilus, au chapeau brun acajou sombre, est rare dans le département. Notons enfin quelques observations du très rare Cèpe blanc : Boletus persoonii .

Méfiez-vous les petits  cochons... il y a beaucoup de grands loups dans les bois en ce moment !

12 octobre 2006